Le Plumier

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vendredi 25 août 2023

La mort de Prigojine

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    La mort de César par Vincenzo Camuccini - vers 1806 - Musée Capodimonte de Naples

   Hier, un spécialiste de l’aviation, Xavier Tytelman, nous certifiait que l’avion de Prigojine avait été abattu par un missile. Images des débris à l’appui. Photos d’un morceau de carlingue criblé d’impacts.

   Aujourd’hui, le général Paloméros, ancien chef d’état-major de l’Armée de l’Air, plus prudent, hésite entre le missile et le sabotage, écartant l’incident technique.

   Ce soir, les Américains et les Anglais nous affirment qu’il s’agit d’un sabotage, écartant définitivement le missile.

   À vrai dire tout le monde se moque des moyens employés. Une seule certitude importe, celle que Poutine le dictateur, en vrai caïd contre un autre, est à l’origine de l’acte.

   D’ailleurs j’en veux pour preuve la bêtise inhérente à tout dictateur de supprimer, physiquement, systématiquement ceux qui s’opposent à lui. Le dictateur n’agit pas par raison mais par instinct. Et son instinct de prédateur, comme un dealer voyant ses prérogatives contestées, lui commande de tuer. Peu importe comment. Ses sbires aux ordres, encore plus stupides que lui, trouveront le moyen

   Le dictateur fait de l’adversaire de l’instant, en le tuant, la victime. Celle-ci devient le héros. Hector tombant sous la furie d’Achille. Puis ce dernier plus tard sous la flèche de Pâris.

   Et tout comme ce point culminant de la guerre de Troie, qui marquera la fin de l’Iliade, cet assassinat deviendra pour le dictateur l’acmé de son pouvoir avant la chute.

   Car ne nous leurrons pas, sur la pile des cadavres entassés, tout en haut, une place est réservée. Celle ou d’ici peu, ainsi que César sous les coups de Brutus, Poutine ira rejoindre ceux qui l’attendent.

jeudi 24 août 2023

Nikolaï Sarkozevitch

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AFP PHOTO ALEXANDER NEMENOV (Photo by ALEXANDER NEMENOV / AFP)-Huffingtonpost.fr


   Depuis que Poutine le menaça d’écrasement, en juin 2007, et que Medvedev mima ses tics en novembre 2008, Sarkozy, tel un enfant sermonné, en pince pour le Kremlin. Peut-être s’imagine-t-il tsarévitch de l’un des deux dictateurs afin de leur succéder le moment venu.

   C’est ce que laissent croire ses dernières sulfureuses, mais erronées, pensées régurgitées lors de l’interview-marketing du Figaro en vue de la sortie de son prochain bouquin. Après avoir avalé les deux vomitifs précédents, il fallait bien que la nausée s’installât.

   Bref, selon lui, l’Ukraine n’est rien, sinon une espèce de trait d’union entre l’Orient et l’Occident et surtout qu’elle le reste. Pas d’Europe, pas d’Otan, niant ainsi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sûr que les Ukrainiens vont applaudir.

   Mais plus grave encore, par ses propos, « l’ami de toujours de Poutine », nie également le droit international concernant les frontières.

   Quant à l’histoire, n’en parlons pas, il la refaçonne.

   Non, l’Ukraine ne fut pas Russe jusqu’en 1954 (il n’est que de se rappeler la catastrophe industrielle de Tchernobyl de 1986, en Ukraine, pour en être certain). Affirmer une sottise pareille, c’est ignorer l’histoire de cet État. Ouvrir une encyclopédie c’est découvrir, primo, que, république autonome de l’URSS (comme la Biélorussie, par exemple, ou … la Crimée), elle détenait une certaine indépendance depuis Staline ; que, secundo, à la mort de ce dernier, Khrouchtchev lui rattacha la Crimée et qu’enfin, pour aller très vite, en 1991, à la faveur de l’effondrement soviétique, elle retrouve une totale indépendance approuvée à 90 % par referendum en décembre de la même année.

   Quant à la Crimée, péninsule annexée en 1783 par Catherine II dite la Grande (dix ans avant les trois quarts sud de l’Ukraine d’ailleurs par la même impératrice), son histoire est encore plus chaotique que celle du pays qui veut, au même titre que la France autrefois avec l’Alsace-Lorraine, reconquérir l’intégralité de son territoire.

   Car, volens nolens, la péninsule voulut rester ukrainienne, décision approuvée par sa propre population à plus de 94 % par le referendum de 1991.

   Alors, qu’un ancien président de la République Française ose affirmer que vouloir récupérer la Crimée est impensable, est non seulement irresponsable, mais aussi totalement… impensable.

   Enfin, suggérer benoîtement, avec un sourire d’hypocrite, que « La diplomatie, la discussion, l’échange restent les seuls moyens de trouver une solution acceptable », avec à la clef encore des referendums et des concessions, sous-entend son inféodation aux gangsters qui règnent actuellement sur le Kremlin. Précisant que « tout retour en arrière est illusoire ».

   Il ajoute que « les territoires disputés de l’est et du sud de l’Ukraine » devront faire l’objet de referendums (encore) pour sortir par le haut de cette situation en la tranchant définitivement et de façon transparente.

   Ami de Poutine et suppôt du gangster, il reprend sa diatribe. J’ai envie de lui dire qu’il y a longtemps que la situation est claire. Depuis 1991 exactement. L’Ukraine et la Crimée n’étant qu’une nation.

   Imagine-t-on un voisin nous envahir puis négocier une partie de la maison ? Nikolaï Sarkozevitch, oui, avec autant de dédain qu’un boyard vis-à-vis de ses moujiks qu’il vendait avec ses terres.

  Je me dois de corriger une erreur. Sarkozy, en évoquant l'année 1954, parlait de la Crimée et non de l'Ukraine. Cette date n’a rien changé puisque la péninsule était Russe avant mais également après cette date, au même titre que l’Ukraine d’alors qui d’ailleurs lui laissa son statut autonome (entré en vigueur bien plus tard en 1999). La nouvelle entité faisait toujours partie de l'univers soviétique. Et ce, jusqu'à la disparition de l'URSS en 1991.
  La république autonome de Crimée, sous occupation Russe, est toujours une région (oblast) Ukrainienne.  

samedi 24 octobre 2015

Le docteur Bonnemaison

Deux ans de prison avec sursis pour le dr Bonnemaison !

Qu’est-ce que c’est que ce verdict à la con ?

De deux choses l’une, ou il est coupable et il prend vingt ans, ou il n’a fait que ce que font tous les médecins devant une fin de vie douloureuse et il est acquitté, comme en première instance.

Car, si j’ai bien lu, le dr Bonnemaison s’est toujours défendu de cette accusation  : l’intention de tuer.

L’intention de tuer ! Mais quel mobile, d’ailleurs, l’aurait poussé pour agir ainsi ? La haine ? La vengeance ? L’appât du gain ? ou je ne sais quoi encore de ces raisons qui mènent un succédané de Petiot à tuer ses congénères ? Rien de tel.

Le dr Bonnemaison a agi en médecin, en son âme et conscience pour abréger des vies qui ne valaient plus la peine d’être vécues.

Ne soyons pas aussi bornés que le parquet, stupides que les juges ou velléitaires que les jurés ; soyons justes et lucides.

Accélérer un processus irrémédiable lorsque la fin d’une vie sombre dans la déchéance et la douleur, est un acte pratiqué depuis des temps immémoriaux dans le silence d’une chambre, d’une maison, d’un hôpital, à la demande ou non des proches.

Que le médecin qui n’a jamais injecté un peu plus de morphine ou autre substance létale à son malade pour apaiser ses souffrances se lève et je l’applaudirai mais ne le croirai pas.

Décidément ce procès ne fut qu’une pantalonnade d’inquisiteurs nébuleux, irrésolus et surtout inconscients d’une réalité médicale quotidienne.

jeudi 8 octobre 2015

La France aux français

Avant de déverser des imbécillités avec la constance et la légèreté d’un camion-citerne, comme par exemple aujourd’hui au parlement européen —et je ne m’attarderai pas sur son incivilité vis à vis de la Chancelière allemande et du Président français ou encore sur son ignorance crasse de l’évolution du monde—, Marine Le Pen devrait se cultiver pour évoquer les invasions migratoires et lire Romain Rolland, plus précisément le septième volume de son roman  » Jean-Christophe  » d’où j’ai extrait le dialogue ci-dessous entre les deux amis, Christophe, compositeur allemand, et Olivier, normalien français.


Ce texte fut écrit en 1908.


J’aurais pu remonter plus loin dans le temps, c’est un discours récurrent depuis la nuit des temps ; il y a eu et il y aura encore des individus à rejeter l’autre par peur, par bêtise, par ignorance.


La France fut toujours un pays de migrants. Toujours elle a su les accueillir. Toujours ils se sont fondus dans notre société. Ils ont été, sont et seront notre richesse. Quel que soit leur nombre.

 » – Peuh ! fit Chris­tophe, vous ne connais­sez pas la lâ­cheté de vos maîtres […/…] Je ne vous com­prends pas. Vous avez le plus beau pays, la plus belle in­tel­li­gence, le sens le plus hu­main, et vous ne faites rien de tout cela, vous vous lais­sez do­mi­ner, ou­tra­ger, fou­ler aux pieds par une poi­gnée de drôles. […/…] Ba­layez votre mai­son.

Mais Oli­vier, haus­sant les épaules, avec une las­si­tude iro­nique, dit :

– Se col­le­ter avec eux ? Non, ce n’est pas notre rôle, nous avons mieux à faire. La vio­lence me ré­pugne. Je sais trop ce qui ar­ri­verait. Les vieux ratés ai­gris, les jeunes se­rins roya­listes, les apôtres odieux de la bru­ta­lité et de la haine s’em­pa­re­raient de mon ac­tion, et la désho­no­reraient. Vou­drais-tu pas que je re­prisse la vieille devise de haine : Fuori Bar­bari ! ou : la France aux Fran­çais !

– Pour­quoi pas ? dit Chris­tophe.

– Non, ce ne sont pas là des pa­roles fran­çaises. En vain les propage-t-on chez nous, sous cou­leur de pa­trio­tisme. Bon pour les pa­tries bar­bares ! La nôtre n’est point faite pour la haine. Notre génie ne s’af­firme pas en niant ou dé­trui­sant les autres, mais en les ab­sor­bant. Lais­sez venir à nous et le Nord trouble et le Midi ba­vard…

– et l’Orient vé­né­neux ?

– et l’Orient vé­né­neux : nous l’ab­sor­be­rons comme le reste ; nous en avons ab­sorbé bien d’autres ! Je ris des airs triom­phants qu’il prend et de la pu­sil­la­ni­mité de cer­tains de ma race […/…] Il s’éli­mi­nera de lui-même, après nous avoir nour­ris. La Gaule a bon es­tomac ; en vingt siècles, elle a di­géré plus d’une ci­vi­li­sa­tion. Nous sommes à l’épreuve du poi­son… […/…] Mais nous autres, ce n’est pas de pu­reté qu’il s’agit, c’est d’uni­ver­sa­lité. […/…] mais en fait, c’est notre génie latin qui est im­pé­rial. Nous sommes les ci­toyens de la Ville-Uni­vers. Urbis. Orbis. «

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